Serge
Le Peron
_ Jeanne et le garçon formidable nous envoie une nouvelle qui tient en quelques mots : le cinéma sait encore chanter le monde qui nous entoure. "Les petites chansons sont nécessaires à la santé du cinématographe", disait Renoir. Olivier Ducastel et Jacques Martineau font plus qu'insuffler un peu de santé chansonnière dans leur fiction, ils relèvent un autre défi : celui de faire des chansons le corps même de la fiction, de façonner avec elle la matière réelle des personnages, et c'est un événement important pour le cinéma. Depuis qu'un certain Jacques Demy avait réinventé la comédie musicale au début des années 60, peu de cinéastes s'étaient risqués à ce périlleux exercice. Jeanne et le garçon formidable retrouve avec bonheur les chemins de ce cinéma là : où le dialogue devient parole, où le récit se dit en musique, où la mise en scène s'accorde aux exigences de la chorégraphie. Où les images du monde se confondent avec ses plus obsédantes mélodies.
Serge Le Peron
Publié le lundi 18 septembre 2017