À propos de L'Usine de rien

Morgan
Pokée

Programmateur

L'Usine de rien ? Vraiment de rien ? Le long métrage réalisé par Pedro Pinho est pourtant une vraie fabrique à utopie, une fabrique de cinéma rêvée décapsulant la frontière aujourd'hui plus que jamais poreuse entre la fiction et le documentaire. On saurait gré au cinéma portugais d'avoir (toujours ? pensons ne serait-ce qu'à Olivieira et Monteiro…) fait exploser les digues des catégories établies dans le cinéma. L'Usine de rien reprend vaillamment ce flambeau national en injectant du cinéma dans tous ses pores : sa peau, sa surface première, ce serait le documentaire social, comme on en voit tant sur les écrans. Sa profondeur, ce serait cette phrase de Godard : il faut faire politiquement des films et non faire des films politiques. Une usine abandonnée par sa direction, ses ouvriers tout aussi délaissés et désarçonnés. Que faire pour retrouver de la joie ? Du plaisir dans le travail ? Le tour de force de L'Usine de rien, c'est de ne pas oublier de faire circuler autour de toutes ces questions — que le film investit totalement — tout un agencement de situations retournant comme un gant les présupposés du documentaire social. Car ici, l'espace d'une scène, l'usine peut devenir le territoire d'une comédie musicale. L'espace d'une autre scène, les idées politiques valsent à travers la pièce comme des assiettes lors d'un repas arrosé. C'est que L'Usine de rien déborde de sa puissance poétique, faisant de ses idées (de cinéma, de politique) une réalité aussi tangible que les transpalettes utilisés par les ouvriers pour se déplacer dans l'usine, comme des enfants remplis de joie sur un nouveau terrain de jeu.

Morgan Pokée

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Programmateur


Le Concorde

Publié le mardi 23 janvier 2018

Paroles de programmateurs

L'Usine de rien

Un film de Pedro Pinho
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