Christophe
Liabeuf
Programmateur
Et si tout cela n'était qu'un jeu ?
Le film s'ouvre par une prière, le choix de l'arme, les 3 coups et une sonnerie : le jeu commence. Les jeunes s'évadent et débarquent dans un monde virtuel.
Il n'est pas vraiment hostile, ce n'est pas Doom et ses tueries acharnées, mais plutôt l'univers monochrome, immersif du jeu d'aventure tel Myst1 avec quelques clins d'œil vers les MMORPG2 pour la dimension fantastique et les créatures parfois imaginaires, comme ici les sangliers. Les personnages n'ont pas vraiment d'identité, pas connaissance de leur environnement, lequel est inhabité, et ne se parlent quasiment pas : autant d'éléments des « myst-like ». Lors des déplacements, le réalisateur choisit toujours de filmer le héros en plan serré (le spectateur ne voit pas ce qu'il voit ) et exclut les autres joueurs. Mais, au premier danger, il bascule en plan subjectif et le game-play reprend : plan sur l'arme, arme en amorce et panoramique pour balayer l'environnement. Puis, « point & click » : il vise et tire. À chaque disparition : un plan d'ensemble, une musique : le jeu change de niveau, de personnage principal…
Les protagonistes du film sont encore à l'âge du jeu : l'imaginaire, le déroulement, le filmage, les personnages peuvent renvoyer à certains univers et certains procédés du jeu vidéo.
Programmateurs de cinéma, connaisseurs ou novices en ce domaine, voici donc pour nous une belle opportunité de nourrir un échange avec les adeptes, les passionnés de ces jeux : ces générations qui verront Los Salvajes avec un regard différent et pourront en faire une lecture originale.
1 Myst, jeu d'aventure à la première personne, en vue subjective
2 Jeu de rôles en ligne, multijoueurs interagissant simultanément, tel World of Warcraft
Christophe Liabeuf
-Programmateur
Publié le jeudi 18 janvier 2018