Jacques
Morel
Programmateur
En suivant les pérégrinations de nos deux « héros », Adilse et Mimid (mystère du cinéma, en voyant ce film, je pensais à Macadam Cowboy) dans les rues d'Aubervilliers – leurs aventures, un peu ridicules, reflets de vies bancales encore en devenir – on en apprend plus qu'avec n'importe quel reportage télé. La banlieue, grâce au regard-cinéma que Carine May et Hakim Zouhani portent sur elle, est plus riche, plus complexe, plus attachante aussi que ce que l'on veut bien nous faire croire. L' avenir d'Aubervilliers ? Il est symbolisé, à mes yeux, par un personnage, appelons - le « l'enfant noir au vélo ». Il apparaît, silencieux, dans de courtes scènes. Fait du vélo. Répare sa trop grande chambre à air dans son trop petit seau (Doisneau aurait pu faire la photo...) et, à la fin, après avoir chuté avec son vélo, devient le passager privilégié du scooter du « héros ». On roule. Il tourne la tête. Gros plan sur l'enfant. Face caméra, son regard. L'image se fige. L'avenir est là.
Publié le jeudi 18 janvier 2018