Ali
Akika
Cinéaste
« Je veux exister », hurla une voix dans la paisible émission littéraire de Bernard Pivot. L'auteur de ce cri, Rachid Djaïdani, est un jeune écrivain que Pivot avait aidé à s'introduire dans une forteresse qui tient à distance les habitants du territoire d'où il venait. Rachid avant de se faire un nom chez Pivot avait dû passer sous les fourches Caudines de la méfiance. Car les mots qu'il a ciselés pour écrire son histoire et dire le monde ne sortaient pas de son imagination, lui avait-on dit. Il devient alors furieux et fait appel aux images pour laver l'affront. Sa colère a enfanté d'un petit météore où les mots en rafales soutiennent des images nerveuses et hachées qui virevoltent allègrement dans un judicieux montage. Il y a l'amour de la mère, la fidélité du copain, l'ordinateur qui crée un rapport particulier à l'écriture comme Umberto Ecco l'avait pressenti. Le visage de Rachid est lumineux à la sortie de son deuxième roman, son bébé, dit-il sereinement puisqu'il n'a plus besoin de crier. Sur ma ligne est une bouffée d'oxygène pour tous ceux qui étouffent sous l'avalanche des mots usés de ceux qui s'acharnent à nous vendre un monde moisi.
Ali Akika
-Cinéaste
Publié le lundi 11 septembre 2017