Flore
Tournois
Programmatrice
Puisque Swagger c'est fanfaronner et avoir le Swag c'est avoir la classe, Olivier Babinet a plus de swag qu'il ne swagge, même s'il a de quoi swagger du résultat de Swagger.
Le geste cinématographique d'Olivier Babinet a du style. Le style c'est une question d'esthétique et il n'en manque pas. Mais le style c'est aussi une question d'attitude et par extension, l'attitude qu'on adopte correspond également à ce que l'on donne à voir. Voir et désigner les choses à moitié vides ou à moitié pleines, voir et montrer en gris ou en couleur, avoir et faire peur ou bien choisir de positiver... Le style de Swagger c'est de montrer des têtes bien pleines et des mots colorés qui s'en échappent, de communiquer de l'énergie et de donner espoir dans les générations futures. Par la même approche que celles de Nous, Princesses de Clèves ou La Cour de Babel, la jeunesse de banlieue ou issue de l'immigration n'est pas abordée sous l'angle de la violence, de la condescendance ou du misérabilisme. Moderne, l'architecture de la mise en scène d'Olivier Babinet lie les paroles des gamins et renforce la qualité de découverte des personnalités qu'il nous présente. Naïla, Régis, Paul et les autres... Aulnay et Sevran, zones abîmées qui recèlent de trésors de mômes qui fleurissent notre vision des barres d'immeubles et font swinger la cité. Et cette vision du monde, eux la vivent, lui la filme et nous la diffusons ; au tour de celui et de celle qui montre d'avoir de quoi swagger de le programmer.
Publié le mercredi 17 janvier 2018