Jean
Jeanneret
Cinéaste
Selon Aristophane, l'amour ne serait rien d'autre que le sentiment de nostalgie de notre ancienne nature et une quête de l'unité perdue. L'union des êtres incarnerait ainsi une tentative de retrouver le chaînon manquant à travers la recherche de l'âme soeur. Une telle recherche de cette unité est sans fin. Dès lors comment faire pour Thomas, lorsque l'on est médecin et que pour des raisons certainement très importantes on a aidé sa propre femme à passer de l'autre côté ? Comment faire pour occuper un journalier immanquablement oppressant ? Comment faire pour remplacer les parties d'échecs d'avec son frère, après la mort subite de celui-ci ? Jouer seul, contre soi-même ? Thomas abandonne. Donner suite à la rencontre d'une autre solitude sur un banc public ? Le masque de Thomas enserre le silence profond de cet homme. Pour recréer l'Union, un sourire viendra se gravera sur son visage et dans sa chair, pour Thomas il n'y aura que la mort, une mort au-delà de la mort peut-être, puisque avec l'image de sa femme dans les mains, pas d'autres alternatives. Les images de ce film avancent, s'imbriquant l'une dans l'autre, s'enchaînent, précises et silencieuses, le faisant avancer au-delà et par-delà le dialogue, ce qui devient rare. Ce film nous envahit au travers de sa sobriété et d'une présence exemplaires des personnages.
Jean Jeanneret
-Cinéaste
Publié le lundi 18 septembre 2017