Arnaud
Clappier
programmateur
Attention : ce météore cinématographique s'ouvre sur un plan-séquence d'anthologie, un lent travelling avant sur un personnage unique qui, aux obsèques de sa mère, perd peu à peu les pédales, ses moyens, toute crédibilité, en se raccrochant désespérément aux branches –un morceau de bravoure insensé dont on se dit un instant que le film ne se remettra pas. Il interloque, met mal à l'aise, arrache un sourire et le fige tour à tour. Trop gros, trop perché, impossible de tenir 90 minutes à ce rythme. Et pourtant, si. En reproduisant méthodiquement son motif de déconstruction, mentale, sociale, affective, il arrive à nous embarquer dans le sillage de ce brave flic d'un trou perdu qui assiste, impuissant, à la désintégration progressive mais inéluctable de sa vie. Paumé entre le deuil de sa mère, son divorce, la garde de sa fille, son boulot, la nécessité de faire bonne figure et les assauts de désespoir qui ravagent tout sur leur passage, il vit –et nous avec lui– sa dégringolade comme un cauchemar éveillé.
Écrit, produit, réalisé et interprété par le même gars, ça pourrait faire carte de visite (de comédien, de réal), mais ça marche –on hésite en permanence entre le rire, l'incrédulité et l'émotion. Avec en plus cette petite touche d'optimisme final (quand on a touché le fond, il n'y a plus qu'à donner un coup de talon pour remonter) qui réjouira les cœurs d'artichaut.
Arnaud Clappier
-programmateur
Publié le mercredi 25 juillet 2018