A propos de Vitalina Varela

Vitalina Varela fut toute sa vie une paysanne des montagnes de l'ile de Santiago, au Cap-Vert. Elle est la plus jeune d'une fratrie de 8 enfants. Elle épousa son premier amour, Joaquim, un garçon de son village, Figueira das Naus.

Comme la majorité des hommes du Cap-Vert, Joaquim partit à l'étranger, en 1977, avec en poche une promesse de travail comme maçon. Comme toutes les femmes cap-verdiennes, Vitalina resta à l'attendre, rêvant à une vie plus heureuse. Avec ses premières économies, Joaquim acheta une baraque de briques et de tôle dans le quartier de Cova da Moura, à la périphérie de Lisbonne. Il écrivit une ou deux lettres à Vitalina, lui téléphona en lui promettant un billet d'avion pour venir le rejoindre au Portugal. En 35 ans, Joaquim ne fera que deux voyages au Cap-Vert. Lors du premier, Joaquim et Vitalina commencèrent à construire une maison, non loin de la chapelle de leur village natal. Lors du deuxième, à peine arrivé, Joaquim prétendit qu'il devait aller rendre visite à un cousin et attrapa le premier avion pour retourner à Lisbonne. Ce fut la dernière fois que Vitalina le vit. Jamais plus il n'écrivit ni ne téléphona. De cette dernière visite, Vitalina resta enceinte d'un garçon, Bruno, que Joaquim ne connaîtra jamais. Vitalina et Joaquim avait déjà une fille, Jessica.

Certaines nuits, on pouvait le voir titubant par les ruelles de son quartier lisboète. On raconte qu'il avait poignardé un camarade lors d'une bagarre à cause d'une affaire louche. Il commença à manquer à son travail, ses collègues perdirent sa trace, il ne répondait pas quand ils frappaient à la porte de sa baraque. Il meurt le 23 juin 2013 et est enterré le 27. Vitalina arrive au Portugal le 30 du même mois. Dans le quartier, personne ne la connaît, personne ne la réconforte, les voisins se méfient d'elle. Vitalina passe des jours et des nuits de chagrin et d'angoisse, cloîtrée dans la maison de Joaquim. Après plusieurs mois, elle réussit à trouver des petits boulots comme femme de ménage. Dans le quartier de Belém, dans une demeure bourgeoise, on la renvoie sans la payer. Elle est finalement engagée pour nettoyer les boutiques Zara d'un grand centre commercial. On la paye 5 euros de l'heure.

Un matin on frappe à sa porte : elle pense que c'est la police ou le service de l'immigration. C'était Pedro Costa qui cherchait une maison dans le quartier pour une scène de son film Cavalo Dinheiro.

Publié le vendredi 27 novembre 2020

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Vitalina Varela

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