Alain
Bouffartigue
Président
Comme spectateur, je n'ai eu aucune hésitation à entrer dans Le Parc et à le sélectionner pour le faire découvrir aux exploitants réunis pour le festival Ciné 32 Indépendance(s) et Création. Un coup de coeur. Un garçon, une fille, un parc, la nuit qui tombe... Une fiction toute simple se construit sur le temps qui s'écoule, sollicitant l'intensité de notre regard. Des corps, la nature, la lumière, les sons, des mots (parlés puis en texto), les incertitudes du cœur, l'inquiétude, et un glissement insensible vers le rêve... C'est évident et beau, comme de la vie qui est là, dans un récit qui semble s'inventer en même temps que le film, poésie et enregistrement du monde battant au même rythme du coeur. Qu'est-ce que le cinéma ? Qu'est-ce que peut le cinéma ? Voilà des questions encore plus vitales aujourd'hui qu'il y a un siècle. Questions posées aux professionnels et aux spectateurs sensibles à l'art et à l'essai : dans ce monde saturé d'images et de communication, où tout s'accélère, encerclés d'impatiences et de postures, nous devons constamment résister à ces formatages qui tendent à réduire les films à de simples pitches scénaristiques et esthétiques. Or voilà un film modeste et singulier qui, à contre-courant sans faire le malin, nous invite à prendre le temps de regarder et ressentir, à être en empathie tout en restant libre. Une certaine idée de la vie et du cinéma. Pour les salles art et essai, c'est un plaisir (et une expérience de spectateur) à proposer à la diversité de notre public : le plaisir d'un film qui n'a rien à vendre, et beaucoup à offrir.
Publié le mercredi 17 janvier 2018