
L'agglomération de El Paso / Juárez a la particularité de s'étendre sur deux pays, les États Unis d'un côté et le Mexique de l'autre. Ce sont à la fois deux villes distinctes, opposées en tout, partagées par le fleuve Rio Grande, et une même étendue urbaine coincée entre les montagnes et le désert du Chihuahua.
Selon les recensements, El Paso compte plus de deux tiers d'habitants d'origine hispanique. A l'inverse des idées reçues, c'est une ville très sûre et très fière de son musée de la police transfrontalière, le United States Border Patrol Museum. Ce n'est pas du tout le cas de Juárez, extrêmement dangereuse et délabrée. L'absence totale de politique cohérente concernant l'immigration a mené à l'apparition de quartiers très pauvres tout autour de la ville. Juárez est donc majoritairement et tristement connue pour sa criminalité qui lui vaut le surnom de «capitale mondiale du meurtre». Les affrontements entre les cartels de la drogue y ont fait des centaines et des centaines de morts rien que les cinq dernières années. La police et l'armée sillonnent la ville dans des engins blindés sans réellement parvenir à changer la situation.
Que l'on choisisse de l'ignorer (comme la majorité des habitants de El Paso qui chérissent leur tranquillité) ou pas (comme la majorité des habitants de Juárez qui ne pensent qu'à passer), la frontière est omniprésente, ultra visible de partout avec son immense grillage de chaque côté du fleuve. Depuis l'ère Trump, elle est plus que jamais dans toutes les têtes, dans tous les champs de vision. Elle est l'ossature, la colonne vertébrale de la région.
Publié le lundi 30 novembre -1