Cati
Couteau
Cinéaste
Film jubilatoire, film fantastique, ce premier film brillantissime, inspiré très librement de La Métamorphose de Franz Kafka, relève le défi de saisir l'invisible ; et on pense bien sûr à Resnais dans cette ambition de filmer l'inconscient.
Dans la maison chaleureuse d'une famille de la bourgeoisie moyenne, parentèle, animaux et objets domestiques peuplent une journée ordinaire. Mais c'est l'inquiétante étrangeté du quotidien qui est ici mise en scène. Les lieux sont imprégnés d'un ozone subtilement surréaliste. En deçà de l'agitation ritualisée, chacun est enclos dans son imaginaire et ses obsessions. Sous l'apparence de conversations, les monologues se superposent. L'hyperréalisme des icônes du quotidien, robots et jouets, font vibrer d'inquiétantes stridences.
Dans ce petit théâtre domestique, les enfants ont un statut particulier : quasiment médiumniques, ils sont les réceptacles obligés des non-dits qui troublent la surface des apparences. Un jeune garçon à l'étrange beauté d'un Terence Stamp semble débarqué du Théorème de Pasolini et visiter le film sans en être, comme effrayé par ce qu'il observe. Quant au chat, son privilège de nyctalope le fait accéder au monde des fantômes.
Souvenir ancien d'un drame passé, prémonition d'un drame à venir ? De quelle hantise cette métaphysique de l'invisible est-elle la métaphore ? Ou tout simplement suivre la jolie piste qu'incidemment nous livre un personnage : « La place du spectateur est dans le ronronnement du rêve du chat ».
Cati Couteau
-Cinéaste
Publié le lundi 18 septembre 2017