La Vie au Ranch est une partition de musique, musique pour orchestre, dont la maîtrise nous oblige à écouter au-delà des quatre phrases du violon isolé au milieu de l'ensemble. C'est ainsi qu'il faudrait regarder ce film. C'est une invitation à se positionner en tant que spectateur, une invitation à regarder et écouter autrement : c'est un geste de cinéaste, qui n'a pas d'égal pour l'originalité de sa recherche. Le Ranch est un appartement parisien rempli par la cacophonie incessante d'une bande de copines de 20 ans. Première partie. Le trop plein acoustique semble quelque part cacher un vide identitaire : cette ouverture est tragique et monstrueuse. Deuxième partie : le Ranch déménage pour les vacances ; à la campagne les copines sont en apnée, plus un son, plus un mot : silenzio. On regarde sous verre le groupe se briser en morceaux. La partition se clôture par un aria, une voix seule comme le chant d'un oiseau dans une chambre d'étudiante à Berlin : c'est la découverte de soi-même. Ainsi Sophie Letourneur atterrit sur une plage libre, où il n'y avait personne avant elle, son cinéma ne tient qu'à elle-même.
Publié le mercredi 13 septembre 2017