Luc
Leclerc du Sablon
Cinéaste
Il y a El Hadj, ce jeune homme à la voix si douce qui arrive 6 jours en retard pour renouveler ses papiers. Il y a le dépôt du Palais de Justice où les flics mettent le doigt dans le cul des hommes qui sont là pour vérifier qu'il n'y a rien dedans. Il y a Lumumba, Sékou Touré, les aînés, les héros de la décolonisation. Leurs voix qui résonnent dans la tête et dans le cœur des jeunes gens qui sont ici, aujourd'hui, à la cité universitaire de Paris. Des certitudes. Il faudra rentrer, c'est un devoir pour l'avenir, pour le pays, c'est ça qu'ils disaient les héros. Il y a là-bas, le Sénégal et El hadj qui dit, j'en ai marre d'être pris pour un black, je suis Sénégalais. Et cette jeune femme qui lui dit tu es beau, si tu voulais... Nous sommes avec El Hadj, toujours, tout le temps. Parce qu'il cherche à savoir qui il est, il se demande. Parce qu'il sent la peur qui le gagne, ou le courage qui lui manque. Parce que des fois, c'est entre soi et soi que ça se passe. Il nous ressemble.
Luc Leclerc du Sablon
-Cinéaste
Publié le vendredi 15 septembre 2017