Ali
Akika
Massaker, film sur les bourreaux de Sabra et Chatila. Les réalisateurs les mettent en scène avec un certain culot. Ils filment en huis clos leurs récits et jamais la tension dramatique, ni la densité des témoignages ne s'étiolent. Les bourreaux, phalangistes libanais, tournent en rond tels des fauves en cage. On ne voit pas leurs visages, mais leurs corps s'imposent et l'on entend avec effroi la litanie de leurs crimes, leurs remords et leurs ressentiments. Car, avec le recul, ils se sont rendu compte qu'ils resteront des monstres et qu'ils avaient été les pantins manipulés par une frange de l'armée israélienne. Jean Genet a écrit un texte admirable sur Chatila a précision de ses mots et la beauté de sa langue ont fait du témoignage de l'écrivain le plus terrible des réquisitoires. Massaker prouve que le cinéma peut aller à la recherche des faits chez les bourreaux quand bien même ils effacent les traces de leurs forfaits. Car les bourreaux savent que leurs corps, leurs paroles témoignent de leurs crimes et en véhiculent les preuves. Parce que la caméra colle à la peau des personnages, parce que leurs paroles ne sont pas parasitées, parce que l'espace filmé n'offre aucune échappatoire, pour toutes ces raisons, Massaker nous rappelle que le cinéma est un art provocateur qui entretient la mémoire.
Ali Akika
Publié le vendredi 15 septembre 2017