Quest-ce que c'est que ça, Superlove ?

_ Un conte horrifique comique et douloureux, un fantasme géant, un film fantastique parfaitement au courant des mystères humains ; l'expression directe, totalement libre, du tréfonds de son auteur : Jean-Claude Janer. L'histoire progressant de proche en proche, les dialogues ciselés, les décors stylisés, les couleurs choisies, le jeu furieux des acteurs, rien ne ressemble à ce que nous connaissons déjà. Aussi faut-il faire très attention à ne pas rejeter ce film sans concession sous ce prétexte. Alors on pourra profiter de lui pour se nettoyer les yeux, le cerveau, la conscience. L'histoire est irracontable, tant elle tisse sa toile savamment, avec une logique scientifique invisible. S'y affrontent le jeune coiffeur, la vierge enceinte en fuite, le livreur hurleur, la mamie amnésique, la belle-mère mystique et nostalgique, et sa fillette tremblante et cognante, le père bon enfant, la matrone ventriloque, le général mort-vivant... Mais nulle loufoquerie ici, nulle gratuité : tout concourt à une définition personnelle de l'humain, ses terreurs sexuelles et familiales, sa souffrance rentrée, implosée, colérique. La colère est le mode d'expression quasi généralisé des personnages de Superlove, qu'elle soit menaçante, terrifiée, vaine, ou mensongère : chacun bout de ne pas être ailleurs, de ne pas être quelqu'un d'autre, de ne pas obtenir ce qu'il veut. Ils semblent se battre pour leur propre salut, à travers des activités abracadabrantes : engueuler Dieu, nourrir un mort, donner des coups de poing sans crier gare ... Mais ces personnages forment aussi comme un seul et grand corps : la conscience. Cette grande bataille, ce cirque stylisé qu'est Superlove, crée à la vision des connexions insoupçonnées, profondément humaines, à la base de nos désirs et de nos craintes.