Marie-Claude
Treilhou
Cinéaste
Ce film marque une rupture franche et déterminée avec le naturalisme ambiant, qui piège tout le monde au cliché. Il nous parle, poétiquement, prophétiquement, d'un rapport métaphysique entre le nord et le sud, le noir et le blanc, le riche et le pauvre. S'il ne veut pas en parler «ordinairement », c'est que le film porte un message extrême, un avertissement ultime, celui d'une fin, d'une mort prochaine et réciproque des deux parties, et que le malheur, enfin là et seulement à ce point-là, réunit et rassemble. C'est bien évidemment épouvantable. Ceci endossé avec grandeur, abnégation et générosité : conscience, par Catherine Samie et Sylvie Testud, qu'un grand hommage leur soit rendu. La facture du film est à la hauteur de sa vision : à la recherche de ce qui renverse l'ordre des choses, annule toute caricature. A la recherche aussi de ce qui peut encore et toujours nous sauver : sortir du cliché, aller au-delà de ce qui sépare et coupe définitivement, tenter une percée régénératrice. C'est très difficile aujourd'hui d'accomplir ce travail-là, très difficile. Ce film le fait.
Marie-Claude Treilhou
-Cinéaste
Publié le mardi 12 septembre 2017