Serge
Le Peron
On est frappé d'emblée par la justesse de Chacun pour soi : des jeunes gens, le service militaire, le Nord... Le casting, les situations, les décors, les costumes, les dialogues... tout sonne juste, tout est vrai : les personnages, leurs désirs, leur tourments... Tout l'art de Bruno Bontzolakis consiste à faire fonctionner son récit, à activer sa fiction sans jamais perdre cette justesse quasi documentaire des corps qu'il filme, à ne céder à aucune des sirènes fictionnelles que les prémices du scénario auraient pu permettre. A rester en dedans de son propos, à refuser l'extra-polation ou l'emphase, à tailler la route au plus près de la trajectoire des personnages. Du coup, le ton du récit garde une grande sérénité malgré le drame qui couve, le filmage laisse plutôt qu'il ne provoque : les sentiments, les pulsions, les non dits. Chacun pour soi parle de soi à soi, de l'écran au spectateur, de manière directe, selon un principe d'énonciation le plus clair et le plus court qui soit : celui de la ligne droite.
Serge Le Peron
Publié le lundi 18 septembre 2017