Henri
Herré
Cinéaste
Quand la violence est devenue le support obligatoire et irréfléchi du cinéma, son astuce grossière, voici un film qui la saisit loyalement à sa racine. Loin des constructions paranoïaques avec héros dressés contre le mal, Christine Carrière nous expose la vérité de la tragédie comme affleurement de notre part maudite – aussi souterraine que partagée. Grâce à l'amour de son regard, l'intensité conférée au décor le plus prosaïque, et surtout l'égalité dans l'abord de chacun des personnages, elle cerne au plus près le noyau insensé où la lumière ne pénètre pas. C'est à partir de là que se construisent ou se défont les existences. Je crois que « Le cinéma c'est la vie » est un slogan aussi débile et dangereux que les autres, mais je vois des films avec les mêmes enjeux que la vie. En touchant d'un même geste fort l'art du cinéma et l'art de vivre, ils nourrissent la grandeur du spectateur.
Henri Herré
-Cinéaste
Publié le lundi 18 septembre 2017