Pascal
Kané
Cinéaste
En ce temps de bilan, parler de la Shoah aussi doucement, calmement, humoristiquement, a-t-on presque envie de dire, n'est pas sans déranger. Najman a su trouver la manière, ni documentaire, ni hagiographique, mais biographique et familiale. D'où qu'il n'y refoule aucune question, ni celle des survivants: "par quel hasard, aberration, monstruosité, suis-je, moi, encore là ?", ni celle des descendants de ces survivants: "comment vivre avec eux, être à la hauteur, ne pas se faire bouffer ?". Si bien que ces ultimes témoignages sur notre siècle, infiniment précieux, recueillis à Evian chez ces curistes de l'horreur ne nous paraissent jamais détachés de la vie et des pensées quotidiennes de leurs auteurs. Pas de piété, de pitié, de revendication identitaire à transmettre, mais la constatation qu'on fait tous partie de la famille.
Pascal Kané
-Cinéaste
Publié le lundi 18 septembre 2017