Jean
Jeanneret
Cinéaste
Ils sont tous Russes, bien évidemment les fils, filles petits-fils et petites filles, neveux et nièces de Baboussia, jusqu'à la racine des ongles ; ils en possèdent donc, épidermiquement, l'exaltation de l'âme, les débordements d'amour, de passion, provocant tout à l'extrême, la passion, la joie, la peine, autant que l'alcoolisme, tout.
Il y a un mot en Roumain qui signifie joie et tristesse en même temps.
_ Il y a un mot russe qui devrait signifier fatalité, joie, et tristesse, en même temps. Baboussia, fatalement, est fille de 70 ans de communisme, qui amena la soumission de toute une société.
Bien sûr il y eut des résistants, des soulèvements. Mais la soumission massive est restée prépondérante, révélant une fois de plus que la violence et les contraintes sont capables de paralyser les valeurs essentielles de l'esprit de l'homme. Plus effroyable encore, l'homme ne renonce pas à ses sentiments. Mais il présage que les crimes commis sont une forme supérieure de l'humanisme. Il commence à partager les gens en purs et impurs, dignes et indignes ; la volonté de survivre à tout prix a pour résultat de compromettre l'âme et l'instinct. Les populations ne trouvent rien à redire que l'on mène les vaches à l'abattoir. Normal c'est une question de survie. Et quand il s'agit de populations ?
L'âme russe y a été confrontée.
_ Elle y a survécu, cabossée, incertaine, confrontée à la Tchétchénie, maintenant.
C'est ce poids-là que porte ce film et ses personnages, sans ostentation, en toute simplicité, et c'est bien là sa force.
Jean Jeanneret
-Cinéaste
Publié le lundi 18 septembre 2017