Le dessin bruisse dans La Jeune fille sans mains de Sébastien Laudenbach. Un jeu graphique mouvant, incessant qui nous emporte dans l'épopée de cette jeune fille vendue au Diable par son père, un meunier avide... Une bande son charnelle, très présente accompagne des images colorées, palpitantes qui convoquent ellipses, changements d'axe, ruptures de perspectives pour construire d'un trait ou d'une couleur l'espace du conte. Le monde cruel des frères Grimm surgit par petites touches organiques. Ce monde impitoyable qui permet aux parents de devenir les bourreaux de leurs enfants, naît au détour d'un dessin.
Gros plans sur des regards, plans larges qui distillent la nostalgie de l'attente, du temps qui passe, suggestions, apparitions/disparitions dans un même mouvement, ruptures de rythme, autant de cinéma qui interpelle notre imaginaire, nous bouscule, nous surprend et nous accroche au destin de cette jeune fille amputée de ses mains car trop pure.
Sébastien Laudenbach n'illustre pas le conte de Grimm, il en redigère la cruauté initiale dans une explosion de couleurs et de sentiments forts, puissants, pour notre plus grand plaisir.
Publié le mardi 12 septembre 2017