Si Le complexe de Toulon était un film psychologique, il raconterait l'histoire d'un personnage aux prises avec un avatar du fameux complexe oedipien : cela expliquerait peut-être pourquoi cet homme déteste le théâtre. Si c'était un film politique, cet acteur serait toulonnais et chercherait, sur les planches, à oublier la victoire dans sa ville de l'extrême droite aux dernières municipales. Si, plus encore, c'était ce qu'on appelle un film engagé, le personnage narrerait – à travers son vécu évidemment – les ravages que produit un multiplexe comme celui de Toulon sur le 7ème Art de sa région : et l'ACID, ainsi que l'UDIC, trouveraient là matière à reconnaissance éternelle. Mais Le complexe de Toulon est un film de Biette, il est donc infiniment plus simple : il raconte l'histoire d'un homme qui, fuyant comme la peste la matière théâtrale, s'y trouve pris jusqu'au cou, l'épopée courageuse d'un idéaliste qui croit en la parole donnée, le cheminement d'un enquêteur de sa propre foi, l'errance d'un artiste, la performance d'un acteur (merveilleux Jean-Christophe Bouvet !). Il est politique et profondément psychologique. Il fait bouger le réel, mais à la manière d'un battement d'aile : le son et l'image d'un simple battement d'aile où soudain le monde entier se laisse, l'espace d'un instant, attraper avant de déguerpir.