Difficile de circonscrire le projet cinématographique de Serge Bozon à un genre préexistant, chose tous comptes faits plutôt réjouissante en ces temps de « déjà vu » filmique généralisé. On se verra donc prié de laisser tout habitus scénaristique au vestiaire de ce pensionnat Jamesien ; voilà toute piste (lettre, aveux, aparté) immédiatement interdite par la suivante pour mieux nous y perdre.
À propos du film : Mods
Egypte année 0 ou l'instant décisif d'une nation en révolte. « Le peuple veut la chute du régime » entend-on de manière liminaire comme une ritournelle entêtante de ce documentaire sensoriel à la forme brute et directe.
À propos du film : Tahrir, Place de la Libération
« Honorer un ami, c'est honorer ses dettes ». Le chemin qui mène à l'enfer est pavé de bonnes intentions. L'espace est ici un cimetière vivant où les morts fréquentent les morts. Le cœur de ce purgatoire est irrigué du sang de la drogue et ses habitants portent les stigmates de leurs maux.
À propos du film : Stalingrad Lovers
de Paul Verstraten
Dés la première séquence, le film abat ses cartes. Long plan fixe sur le quai de la « Stazione Termine », voix-off d'un homme qui raconte son séjour à Rome : système D, manque de fric, dope, homosexualité. La suite : des variations sur les mêmes thèmes chauds. Mais l'image ne fait aucun cadeau à l'oeil venu se rincer. L'homme voix n'en fera pas à lui-même, trop conscient de ses propres faiblesses.
À propos du film : Rome désolée
En amateur d'opéra, j'ai depuis l'enfance appris à déceler les promesses d'une ouverture, les possibles d'un prélude ; et en contemplant les premières images d'Adieu, métalliques et glacées, le tracé de la caméra qui caresse les machines aux couleurs acidulées, les corps à l'efficace clinique qui les manipulent, j'ai compris qu'il me faudrait vite oublier le corpus encombrant des films « sur le travail », qu'il fallait me laisser envelopper, ravir par cette vague sonore, ample et irrémédiable.
À propos du film : Adieu
de Christine Delorme
Pour avoir regardé ce qui ne le regarde pas. Pour avoir persisté dans ce regard… Le comptable est passé de l'autre côté du miroir. Jusqu'où ne va-t'elle pas pour tenir – retenir… Figure de la droiture et de la froidure. Un seul regard sur son mari qui ne la voit pas le regardant. Une inversion s'est opérée… Le fou avait tout faux. Le faux seul fait l'affaire.
À propos du film : Très bien merci
Vision apocalyptique d'un pays en fin de règne, The End réussit l'exploit de naviguer dans un surréalisme total tout en étant ancré dans une réalité poisseuse. C'est qu'ici, dans cet univers hallucinatoire, tout n'est que métaphores, images à double, triple, quadruple sens.
À propos du film : The End
de Luc Decaster
C'est dans la vie d'un couple sans histoire que semble nous emmener Emmanuelle Cuau en ouverture du film. Il est comptable dans une grande entreprise, elle est chauffeur de taxi. Mais aujourd'hui, dans une vie qu'on souhaite ordinaire, il n'est pas si facile de rester sans histoire.
À propos du film : Très bien merci
Qu'est-ce qu'un rêve ? L'expression d'un désir refoulé ? Une construction imaginaire nourrie de fragments de réalité ? La porte par laquelle l'invisible vient nous visiter ? Ou les trois à la fois, comme le suggère Anne Feinsilber dans son film Requiem pour (for) Billy the kid, qui mêle avec bonheur introspection, montage de documents et de témoignages, et dialogue d'outre-tombe.
À propos du film : Requiem for Billy The Kid